Géraud Vogt – Esprits de corps

Textes de Géraud Vogt, Patrick Patrascu et Jean-Marc Bassand

Note de l’éditeur

« Le réel ne nous est jamais si visible que dans son moment d’effacement ». Cette affirmation de Géraud Vogt, qui ouvre sa réflexion sur l’art, pourrait sembler paradoxale. Elle révèle pourtant l’essence même d’une œuvre qui fait de l’effacement le lieu d’une présence plus intense. À travers les pages qui suivent, nous avons voulu rendre sensible cette quête singulière, tant elle nous semble ouvrir des perspectives nouvelles dans l’art actuel.

La peinture de Vogt naît d’un patient dialogue entre présence et absence. Dans ses huiles sur papier aux formats généreux – souvent 130 x 100 cm ou 130 x 195 cm pour les œuvres monumentales – les formes semblent perpétuellement en train de se dissoudre et de renaître. Des voiles de matière grise et bleutée s’entrelacent, se superposent, créent des transparences qui évoquent tantôt la fluidité de l’eau, tantôt l’évanescence de la fumée. « C’est à la main de peindre sans rien laisser au trait du pinceau », confie l’artiste, révélant une approche où la maîtrise technique vise paradoxalement à s’effacer pour laisser surgir l’ineffable. Ce jeu subtil entre apparition et disparition anime des œuvres comme Cosmogonie ou Le Voile d’Isis.

Cette quête de l’invisible s’enracine dans une double tradition philosophique et artistique. D’un côté, la pensée orientale – « Celui qui connaît le blanc mais se maintient dans le noir est la mesure du monde« , écrit Lao Tseu dans le Tao te king que Vogt place significativement en exergue de sa réflexion. De l’autre, une tradition occidentale qui, de Turner à Rothko, n’a cessé d’interroger les limites de la représentation. L’artiste y trace son propre chemin, faisant de l’ombre et de ses variations infinies le lieu même de la révélation.

Dans le paysage de l’art actuel, cette exploration des frontières du visible trouve une résonance particulière. « Je considère qu’en périphérie de la sphère terrestre existe une frontière », écrit Vogt, « certainement pas fantaisiste, mais autour de laquelle évoluent la clarté de la démonstration autant que l’ombre des chimères ». Cette recherche trouve un écho grandissant, comme en témoigne la présence de ses œuvres dans des galeries et collections privées à travers le monde, de Paris à Tokyo, de Londres à Shanghai. Dans notre époque saturée d’images où le visible s’impose avec une évidence tyrannique, elle ouvre – et c’est là toute sa force – un espace de respiration nécessaire.

Ce livre est une invitation à explorer cet entre-deux où l’effacement devient révélation. Car comme l’écrit l’artiste, « ce qui est donné sur la toile n’existe pour jamais qu’avant que la peinture ne commence, qu’en s’éternisant hors les pesanteurs, dans l’inconnu des sphères que nous aurons oublié. »

Géraud Vogt est lauréat du prix Lelivredart au Salon d’automne 2024

24 x 30 cm
32 pages en couleurs
Couverture souple à rabats
20 €
Ouvrage disponible auprès de l’artiste

 

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