ERDAL ALANTAR, LES ABSTRACTIONS MUSICALES D’UN PASSEUR ENTRE ORIENT ET OCCIDENT

À l’occasion des dix ans de la disparition d’Erdal Alantar (1932-2014), son fils Alp lui rend hommage dans une première biographie exhaustive, révélant le parcours singulier de cet artiste turc qui sut créer une synthèse unique entre calligraphie ottomane et abstraction lyrique. L’ouvrage, préfacé par l’historienne d’art Françoise Monnin, retrace soixante ans de création entre Istanbul et Paris.

La trajectoire d’Erdal Alantar incarne parfaitement l’effervescence artistique de la seconde École de Paris, où les influences orientales et occidentales se sont entremêlées pour donner naissance à des expressions picturales inédites. Formé à l’académie des beaux-arts d’Istanbul puis installé à Paris en 1959, il développe un langage pictural original qui puise autant dans la calligraphie ottomane que dans la musique symphonique européenne.

Une abstraction nourrie de deux cultures

Nourri dans son enfance par la calligraphie ottomane, Alantar trouve dans l’abstraction lyrique parisienne un écho à ses recherches gestuelles. Comme le souligne le galeriste Hervé Courtaigne : « Nourri d’une culture donnant une suprématie à l’écriture, il demeure influencé par les calligraphies ottomanes tout en développant une gestuelle occidentale ».

La musique comme source créatrice

L’originalité profonde d’Alantar réside dans sa relation fusionnelle avec la musique classique. Il peint en écoutant Wagner, Beethoven ou Berlioz, traduisant les mouvements symphoniques en compositions aux « rondeurs baroques ». « Je suis un peintre guerrier, puis commence Mozart avec son rythme frénétique », confiait l’artiste, qui travaillait au sol, dans une forme de transe créatrice.

Un héritage artistique entre deux mondes

Né à Istanbul en 1932 et disparu à Paris en 2014, Erdal Alantar laisse une œuvre significative conservée dans plusieurs institutions prestigieuses comme le Victoria & Albert Museum de Londres ou la Bibliothèque nationale de France. Son épouse Sevinç, pianiste et décoratrice, fut sa plus proche collaboratrice pendant plus de cinquante ans de création.

Cette première biographie, enrichie de nombreux documents inédits et de témoignages, offre un éclairage essentiel sur une figure majeure de l’abstraction lyrique, dont l’œuvre incarne le dialogue fécond entre les cultures orientale et occidentale. Un ouvrage qui permet de redécouvrir un artiste dont la modernité résonne particulièrement avec les questionnements contemporains sur le métissage culturel dans l’art.