Patrick Dupuis livre une méthode artistique entre géographie personnelle et autofiction plastique

Patrick Dupuis publie État des songes, ouvrage hybride mêlant dessins, peintures et textes autobiographiques. L’artiste-enseignant y développe une démarche créative fondée sur l’observation directe du réel et trente-six années d’enseignement. Cette autofiction plastique paraît aux éditions Lelivredart.

L’art contemporain trouve parfois ses sources dans l’articulation entre méthode documentaire et récit personnel. Patrick Dupuis développe une approche qui transforme l’observation du quotidien en matière artistique. État des songes documente cette démarche en combinant création visuelle et écriture autobiographique.

Une méthode documentaire systématisée

Patrick Dupuis applique une technique précise de collecte du réel. Cette méthode trouve son origine dans un conseil reçu d’un ami : « Mon ami Marc m’a dit de prendre une feuille et un crayon, de parcourir les rues de la ville pendant un temps donné, d’observer attentivement la vie autour de moi et de noter tous les flashs qui m’arrivaient. » L’artiste organise ensuite ces notes pour construire ses compositions. Cette approche structure sa production artistique.

La géographie comme matériau artistique

L’itinéraire géographique de Patrick Dupuis nourrit directement son travail. Des souvenirs d’enfance dans le bassin minier du Nord aux expéditions dans l’Arctique, chaque territoire traversé devient source d’inspiration. L’artiste évoque ces premières images : « Je me souviens d’une immense locomotive à vapeur sur le carreau de la mine, de la voiture du brasseur tirée par des chevaux, des blousons noirs la banane lustrée de brillantine. » Ses voyages aux Amériques, en Asie du Sud-Est, en Indonésie, en Australie, en Polynésie et en Afrique australe enrichissent cette géographie personnelle.

L’autofiction plastique comme nouveau format

État des songes expérimente un format éditorial particulier en associant récits autobiographiques romancés, reproductions d’œuvres et réflexions esthétiques. Cette approche dépasse le traditionnel catalogue d’exposition pour créer un objet hybride. L’artiste affirme : « je pars de la réalité vue et vécue pour donner ma vision du monde. » Cette méthode produit un récit où fiction et réalité s’entremêlent, soutenu par la création visuelle.

Le dialogue assumé avec les maîtres

Patrick Dupuis entretient des liens explicites avec l’histoire de l’art. Il analyse la Vue du viaduc à Arles de Van Gogh au musée Rodin, établit des parallèles entre les techniques de Picasso et sa propre période néoclassique, évoque Delacroix et Chardin. Cette filiation revendiquée inscrit sa démarche dans une continuité historique. L’artiste cite également Toulouse-Lautrec, Pierre Soulages, ou encore Eugène Leroy pour enrichir ses analyses plastiques.

Patrick Dupuis, né à Cambrai, a étudié aux Beaux-Arts de Lille puis aux universités Lille 3 Charles-de-Gaulle et Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Il a enseigné les arts plastiques dans l’Éducation nationale pendant trente-six ans tout en développant sa pratique artistique personnelle.