Yasuo Kiyonaga – Paris Sketch

Yasuo Kiyonaga révèle son Paris intime dans Paris Sketch, un hommage photographique à l’école française

Les éditions Lelivredart publient Paris Sketch de Yasuo Kiyonaga, un recueil photographique témoignant du regard contemplatif d’un artiste japonais sur Paris. Cette réédition française d’un ouvrage initialement paru au Japon en 2012 rassemble les images d’une exploration méthodique de la capitale menée à l’automne 2011.

Un regard japonais révélateur de l’âme parisienne

Comment un photographe né au Japon peut-il révéler l’essence du Paris éternel ? Yasuo Kiyonaga apporte une réponse saisissante avec Paris Sketch, testament photographique d’une passion française nourrie depuis l’enfance par les films de René Clair et la Nouvelle Vague. Membre de la Japan Professional Photographers Society, l’artiste développe une approche méthodique de la déambulation urbaine, prenant le métro jusqu’aux terminus avant de rentrer à pied, l’appareil en main. Cette technique, héritée de son maître Atget, transforme chaque trajet en révélation esthétique.

L’héritage d’Atget réactivé par une sensibilité contemporaine

« Depuis, Atget est resté mon maître », confie Kiyonaga dans sa préface. Cette filiation assumée avec le photographe du Vieux Paris (1857-1927) irrigue l’ensemble du projet. Comme Atget, l’artiste japonais « photographiait avec ses pieds », arpentant inlassablement les rues pour saisir l’ordinaire sublime. Les influences de Cartier-Bresson, Brassaï, Doisneau et Izis enrichissent cette démarche, inscrivant le travail dans la continuité de l’école française de photographie de rue. Les images révèlent cette permanence troublante : « En observant de vieilles photographies de Paris, on s’aperçoit que nombre de paysages n’ont pas changé en cent ans ».

Une méthode documentaire au service de l’authenticité

Kiyonaga privilégie les quartiers délaissés par les guides touristiques, explorant les communautés arabes et chinoises du 13e arrondissement. Cette recherche d’authenticité s’accompagne d’une ouverture aux rencontres fortuites. L’artiste souligne la bienveillance parisienne face à la photographie de rue : « À Paris, en revanche, il est plus facile de photographier les passants : les gens se montrent ouverts et prennent parfois la pose spontanément ». Cette approche bienveillante produit des images d’une remarquable humanité, saisissant les gestes quotidiens, les expressions fugaces, la poésie du banal.

La contemplation du temps suspendu

Le noir et blanc choisi par Kiyonaga révèle un Paris intemporel où coexistent les époques. Cafés haussmanniens, vélos, passants dans les jardins du Luxembourg : tout semble échapper à l’accélération contemporaine. « Je suis persuadé que le Paris que j’ai capturé existe toujours aujourd’hui », observe l’artiste. Cette conviction confère aux images une dimension prophétique, témoignant d’une permanence urbaine face aux mutations métropolitaines. L’utilisation d’un réflex Sony équipé d’un grand écran vidéo, rendue nécessaire par la presbytie naissante de l’artiste, introduit paradoxalement une modernité technique au service d’une vision classique.

Biographie

Né en 1948 dans la préfecture de Kagawa, Yasuo Kiyonaga développe une pratique photographique nourrie par l’étude des maîtres français et américains. Influencé par Jean Eugène Atget et Aaron Siskind, il élabore une technique fusionnant éléments contradictoires : photographie et peinture, nature et artifice, bidimensionnel et tridimensionnel. Ses expositions régulières à Kyoto et Paris (« Moment of One Second » 2025, « Hana » 2024 au temple Ninna-ji) et sa participation aux foires internationales (Unseen Amsterdam, MIA Photo Fair Milan) attestent d’une reconnaissance croissante.