Pascal Honoré : une monographie révèle trente ans d’exploration picturale

Les éditions lelivredart publient Rives / Shores, monographie de référence consacrée à Pascal Honoré. L’ouvrage rassemble sept contributeurs et retrace trois décennies de recherche plastique, des Parcellaires inspirés des dallages cisterciens aux monumentales Indiennes parées d’or.

Comment un fragment de pierre calcaire incisée de plomb fondu dans une basilique romane peut-il engendrer trente années de création picturale ? Le travail de Pascal Honoré naît de cette rencontre avec le pavage médiéval de la basilique Saint-Rémi de Reims dans les années 1990. Ce « rapport entre la tonalité, la matérialité de la pierre et du plomb » selon ses propres termes, initie un corpus où se déploie une tension constante entre rigueur géométrique et profusion organique.

Du dallage cistercien aux jardins luxuriants

La série des Parcellaires constitue le socle de cette recherche. Pascal Honoré réalise alors des centaines de modules à l’encre de Chine rehaussée d’un lait de blanc, qu’il assemble et recompose durant quinze ans. Cette pratique du marouflage sur papier népalais devient sa signature technique. Ce papier, qu’il décrit comme « léger, fragile, aérien, docile et exigeant tout à la fois », accepte fusain, acrylique, encre de Chine et cire d’abeille. L’évolution de l’œuvre conduit progressivement vers des formes végétales : nymphéas, citronniers, grenadiers se multiplient sur des formats croissants, jusqu’aux Indiennes monumentales où l’or dialogue avec les noirs profonds.

L’atelier comme laboratoire d’une « archéologie du presque rien »

Dans son atelier de la vallée de l’Ardre, Pascal Honoré a constitué un répertoire d’objets trouvés : pierres noires, fossiles, tessons de vaisselle, tampons végétaux. Ces éléments deviennent matrices pour imprimer, gratter, révéler la surface. Le philosophe Gérard Lemarié qualifie cette démarche d’« archéologie du presque rien ». L’artiste affirme : « C’est une quête matérielle de quelque chose d’immatériel. Dans ma tête, j’ai un tableau absolu […] Une œuvre qui me fuit quand je l’approche, me nargue quand je crois l’embrasser, mais c’est cette tension indispensable qui génère mon travail. »

Une approche synesthésique de la peinture

L’ouvrage réunit les contributions de sept auteurs qui analysent différentes facettes du travail : Philippe Berthommier examine les Parcellaires, Nadine Fattouh décrit le temps de l’atelier, Philippe Filliot explore la dimension spirituelle de l’œuvre. Ce dernier écrit : « La peinture est une épiphanie du vivant ! Elle devient le lieu d’un autre mode d’existence, d’une autre qualité de présence. » Edwige Blanc, consultante spécialisée dans les recherches relatives aux sens, analyse la manière dont l’ensemble des perceptions sensorielles de l’artiste participe à sa création. Un poème de Charles Juliet, dédié à l’artiste en 1990, accompagne le parcours visuel.

Biographie

Né en 1958, Pascal Honoré vit et travaille dans la vallée de l’Ardre, en Champagne. Formé à l’École des beaux-arts de Reims, il séjourne au mont Athos dans un atelier d’iconographie. Son travail a été présenté dans plusieurs institutions internationales : National Museum of Fine Arts de Taïwan, Metropolitan Museum of Art de Séoul, musées d’Art moderne de Varsovie et Caracas. Il a reçu le premier prix du concours L’Oréal produits de luxe en 2002.

Les contributeurs de l’ouvrage comprennent Philippe Filliot, chercheur en spiritualité à l’université de Reims et auteur de plusieurs ouvrages sur l’art et la spiritualité, Alexis Renard, marchand d’art et expert en art islamique, et Gérard Lemarié, philosophe.