Les éditions lelivredart publient une importante monographie consacrée à Jean-Marie Girard (1928-2020), artiste peintre tourangeau. L’ouvrage retrace cinquante années de création à travers plus de cent reproductions d’œuvres, accompagnées de textes de Christian Baudelot et Roger Establet.

« Pour moi, la peinture témoigne d’une expérience du réel. Je n’ai pas le goût de l’imaginaire. La peinture est pour moi un moyen sensuel, organisé, structuré, d’exprimer quelque chose de vécu », confiait Jean-Marie Girard en 2013. Cette approche du réel, loin de tout effet spectaculaire, constitue le fil conducteur de cette monographie qui permet de découvrir un artiste ayant développé une vision personnelle du réalisme pictural.

La Loire comme laboratoire de lumière

Pour Jean-Marie Girard, la Loire a joué un rôle comparable à celui de la montagne Sainte-Victoire pour Cézanne : un motif inépuisable d’observation et d’expérimentation. Ses nombreuses vues du fleuve témoignent d’une recherche constante sur les effets de lumière et les variations atmosphériques. Comme le note Jean-Pierre Pinet : « Les couleurs de l’été avaient acquis une puissance nouvelle […] les verts surtout étaient devenus virtuoses qui parlaient, chantaient, disaient en la reflétant l’intensité de la lumière qu’ils recevaient ».

Du quotidien à la peinture

Les natures mortes occupent une place centrale dans l’œuvre de Girard. Le buffet de sa cuisine, les flacons de son atelier, les fruits et légumes deviennent des sujets de méditation picturale. Christian Baudelot et Roger Establet soulignent sa capacité à « transformer des objets inertes en êtres vivants ». Cette attention aux objets ordinaires s’étend aux scènes de marché, notamment celles peintes à Vinaroz en Espagne, où l’artiste capture la vie quotidienne dans une lumière méditerranéenne.

Une évolution technique maîtrisée

Le parcours technique de l’artiste révèle une progression constante : des premières œuvres à la tempera, caractérisées par leur matité, jusqu’aux huiles de la maturité où la lumière devient un élément central de la composition. L’artiste a également pratiqué l’aquarelle, le pastel et la gravure, développant un langage pictural de plus en plus raffiné.

Parcours

Né en 1928 à Reugny (Indre-et-Loire), Jean-Marie Girard découvre Cézanne pendant ses études de mathématiques supérieures, une révélation qui le conduit aux Beaux-Arts de Tours. Conservateur adjoint au musée des Beaux-Arts de Tours (1954-1971), puis enseignant d’histoire de l’esthétique au Centre d’études supérieures de l’aménagement (1971-1991), il mène en parallèle une carrière d’artiste indépendant, exposant notamment à la galerie Maeght en 1960.

Cette monographie offre une occasion unique de découvrir un artiste qui a su développer une vision personnelle du réalisme pictural, loin des modes et des courants dominants. Son œuvre témoigne d’une réflexion approfondie sur la nature même de la peinture et sa capacité à révéler la beauté du quotidien.