Le Monde de Paolo Santini

Mot de l’éditeur :

« C’est moi qui ai fait ça ? » La stupéfaction de Paolo Santini devant ses propres créations révèle l’énigme de son art : celle d’un homme traversé par des forces qui le dépassent, témoin étonné de ce qui surgit de ses mains. Cette interrogation récurrente, loin d’être une coquetterie d’artiste, nous place au cœur d’une démarche où l’inconscient dicte sa loi à la matière. Dans les pages qui suivent, nous découvrirons comment cet artiste italien, né en 1929, a forgé une œuvre d’une intensité émotionnelle rare, refusant toute intellectualisation au profit d’une transmission brute et généreuse.

Cette liberté absolue, Santini l’a conquise par l’itinérance. Enfant des chantiers suivant son père à travers l’Italie – « de mon enfance, je me souviens des valises et des malles », confie-t-il –, il trouve dans le départ pour l’Algérie en 1949 une rupture salvatrice avec l’enseignement académique des Beaux-Arts de Turin. Sept années sous le soleil africain pour « évacuer l’enseignement sévère » et se sentir enfin libre. Sa double pratique d’architecte-designer et de sculpteur enrichit son approche : le sens inné du volume acquis dans ses projets d’aménagement nourrit ses sculptures monumentales, tandis que l’aluminium – matériau industriel devenu chair expressive – porte la marque de cette tension entre fonctionnalité et émotion pure. Ses Mendiants d’espoir (1976), douze figures d’aluminium écorché créées en trois mois face aux catastrophes humanitaires mondiales, incarnent cette alchimie singulière entre urgence politique et beauté bouleversante.

Chez Santini, l’apocalypse n’est jamais destruction mais révélation. Grand admirateur de Goya et Bacon, il insuffle à ses œuvres cette même charge expressionniste où la matière devient cri. Ses peintures-matières, où se mêlent laque, sable et résine, créent ce que Pierrette Santini nomme des « interférences » : les échelles se brouillent, le regard hésite entre vision cosmique et plongée cellulaire. Cette oscillation perpétuelle entre macrocosme et microcosme, nourrie par l’angoisse nucléaire et les bouleversements planétaires, fait de chaque toile un seuil où le tragique se mue, paradoxalement, en célébration du vivant dans sa fragilité même.

 

Ouvrage publié en partenariat avec Altaviarama

24 x 26 cm
208 pages en couleurs
Couverture cartonnée
isbn 978-2-35532-463-5
38 €

 

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