Anne Bothuon – Cous’humain

Mot de l’éditeur :

« On est dans la fragilité », murmure Anne Bothuon. Dans cette confidence se révèle tout l’art d’une sculptrice qui transforme le textile domestique en sculpture monumentale et poétique. Cette publication nous invite à découvrir comment elle bouleverse les hiérarchies artistiques, fait de l’aiguille un instrument de subversion et métamorphose la couture en geste sculptural.

Anne Bothuon repense la sculpture en modelant l’ouate, la tarlatane et le fil plutôt que la pierre ou le bronze. Sa « broderie sauvage » creuse et renfle ces matériaux humbles pour créer des corps grandeur nature. Sans socle ni piédestal, ces êtres de tissu occupent l’espace avec une présence troublante. « J’aime ce corps abîmé, normal », confie l’artiste qui refuse l’idéalisation. Elle préfère les ventres qui plient, les seins qui tombent, les rides qui racontent – le fond de teint et la chirurgie lui sont « insupportables ».

La formation théâtrale de Bothuon (ENSATT, 1988) imprègne toute sa création scénographique. Cette dimension transparaît dans ses environnements immersifs : une tente devient l’Éden d’Adam et Ève, des kakémonos flottent comme des décors mobiles, des performances abolissent la frontière entre sculpture et vivant. Elle dialogue avec Francis Bacon, Louise Bourgeois et Ousmane Sow – mais transforme leur violence en tendresse inquiète.

Cette démarche résonne particulièrement dans notre époque d’exils et de métamorphoses identitaires. Ses corps en marche évoquent l’exil contemporain, ses masques animaux interrogent nos déguisements sociaux. Le rouge envahit certaines œuvres – sang, faute, passion. En faisant de la couture féminine une sculpture monumentale, elle opère un renversement autant politique qu’esthétique. « Je me rattache à des mythes qui donnent du sens », explique-t-elle, convoquant Arachné, Pénélope et les Parques pour tisser une mythologie universelle.

Au fil de ces pages les œuvres d’Anne Bothuon nous confrontent à notre humanité fragile et masquée. Elles nous rappellent que nous sommes tous des « cous’humains » – cousus main, portant les traces de nos vies comme autant de broderies. Dans cette rencontre entre l’intime et le monumental se révèle l’une des voies les plus touchantes de l’art actuel : celle qui ose montrer notre vulnérabilité comme notre plus grande force.

M. B.

24 x 30 cm
104 pages
Couverture souple à rabats
Isbn : 978-2-35532-453-6
32 €

 

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