Villa Seurat – 100 ans pour une impasse ouverte sur le monde

Mot de l’éditeur :

Sur un ancien terrain vague du quatorzième arrondissement où s’entassaient des caisses de pommes, il aura suffi de deux ans pour que surgisse l’une des aventures artistiques les plus fécondes du Paris d’entre-deux-guerres. En 1924, André Lurçat, jeune architecte fraîchement diplômé, convainc un négociant de lotir ce terrain pour y édifier des ateliers modernes. La Villa Seurat prend forme à une vitesse stupéfiante : béton blanc, lignes épurées, larges baies vitrées. Une architecture fonctionnelle, presque austère, qui rompt avec la bohème miséreuse de Montmartre tout en restant accessible. L’auteure a voulu, dans les pages qui suivent, retracer pour la première fois l’histoire d’ensemble de ce lieu mythique et de ses habitants.

Ce qui distingue la Villa d’autres cités d’artistes parisiennes, c’est cette tension entre radicalité architecturale et liberté absolue des pratiques. Lurçat impose son vocabulaire moderniste, mais Auguste Perret, construisant pour Chana Orloff, revendique un classicisme de structure. Et dans ces ateliers baignés de lumière s’installe une communauté cosmopolite venue du Japon, de Grèce, d’Ukraine, d’Amérique. Jean Lurçat et Marcel Gromaire y renouvellent la tapisserie, rejoints plus tard par Mario Prassinos. Édouard Goerg y crée des œuvres majeures. Au numéro 1, Eugene McCown transforme son atelier en temple du jazz parisien. Au 18, Henry Miller devient le centre d’une effervescence littéraire qui attire Anaïs Nin, Lawrence Durrell, Raymond Queneau. « J’imagine la Villa Seurat comme une immense usine », écrit Durrell à Miller. Salvador Dalí y installe même son quartier général provisoire.

L’Histoire traverse l’impasse. En 1942, Orloff fuit pour échapper à la rafle du Vél d’Hiv. Après-guerre, le psychanalyste Michel de M’Uzan y reçoit Georges Perec et Marie Cardinal. La Villa absorbe les bouleversements du siècle tout en préservant son identité de refuge pour la création.

Ce livre rassemble des archives inédites et les contributions de spécialistes qui éclairent l’architecture, la tapisserie, la littérature, la musique. Comment un lieu façonne-t-il ceux qui l’habitent ? La Villa Seurat offre quelques réponses à cette question.

17 x 24 cm
296 pages en couleurs
Reliure cartonnée
isbn 978-2-35532-461-1
29 €