Michel Follorou / Patrick Zeyen

Les lumières de l’errance

Recueil poétique et photographique

Préface

L’essentiel, c’est ce que nous ne savons pas. Nous entrevoyons seulement par miroir et par reflets. La lumière parcimonieuse sans bruit pousse la porte. Et la porte ne s’ouvre que de l’intérieur. Face au mystère qui l’enveloppe, le silence advient dans la lumière natale du Verbe fait chair. Et cette lumière pascale se vêt de notre regard. Le monde n’est que son ombre portée, qu’un pâle reflet de la gloire à venir. C’est bien en amont qu’il faut remonter pour entrer pieds nus dans la lecture et la méditation de ces poèmes photographiques de la plus haute spiritualité.
Dès le Moyen Âge, avec Suger, le phénomène de la translucidité du verre s’ajoute à l’intuition mystique de la lumière irisée et sans cesse changeante qui contient secrètement toutes les ombres ; dès le Moyen Âge surgit l’intrusion de l’éternel dans notre univers…
Ô qu’il est grand le mystère dans le clair-obscur de la Présence-Absence du Dieu qui révèle et recèle son être, son humano-divinité.
Pour accueillir ces « théophanies » de la Beauté, il fallait deux témoins de choix, deux élus autour du Buisson ardent : un photographe-peintre, Michel Follorou, et un poète, peintre aussi, cinéaste aux talents protéiformes, Patrick Zeyen. Deux artistes traversés d’infini. Deux hommes visités par la grâce. Mais seule la nudité intérieure ouvre l’être, seule l’humilité donne pouvoir à l’art et à l’instant de s’illimiter. Errant, Patrick Zeyen devient pèlerin de l’exil à l’exode, l’orpailleur du temps sait, in fine, que « l’or pur des jours est l’accomplissement du long voyage ». Ses mains vides peuvent alors d’un même geste donner et recevoir. Et ce qu’il offre au lecteur est sans prix.
À lire ce livre sur la pointe de l’âme, les lumières évanescentes de Michel Follorou, filtrées au travers des vitraux, se mettent à jouer leur partition inconnue, inouïe sur l’épiderme des pierres. Patrick Zeyen, depuis toujours fasciné par les mystérieuses fenêtres de villes, comme Baudelaire, sait y lire l’appel d’outre-monde. Son style épouse la trajectoire de la pensée. Il fait passer dans ses vers la quintessence de son être secret. Un chant dédié, ascendant, d’une intensité retenue, d’un raffinement de nuances sans affectation.
Et cette rigueur vibrante de l’écriture nous mène à l’orée de la Terre promise. Pourtant, grâce à cette parfaite synergie entre photos et textes, la frontière entre visible et invisible, chair et esprit, vie et mort, est poreuse. Cette impression de convergence a l’évidence de l’écriture portée par « la voix grave, intense, totalement solidaire de l’espérance des mots », avait remarqué son ami Yves Bonnefoy.
Oui, la voix du poète reste juste, de la première à la dernière page, riche de son dépouillement, «mystérieusement opérante», comme dit Gustave Roud.

Gilles Baudry
Poète et écrivain
Moine bénédictin à l’abbaye de Landévénnec

24 x 30 cm
48 pages,
Couverture souple à rabats
25 €

 

 

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