Liliane Heidelberger – Sculptures (catalogue raisonné)

Liliane Heidelberger – Sculptures (catalogue raisonné)

Nous découvrons avec Liliane Heidelberger (1935-2019) une artiste à la philosophie simple et radicale : « laisser parler la pierre ». Venue à la sculpture à vingt-sept ans, formée dans les ateliers luxembourgeois de Lucien Wercollier, elle développe un art du contraste où surfaces polies dialoguent avec rugosités brutes, où chaque strie suit les veines naturelles du matériau.
Nourrie par ses voyages dans l’Himalaya et les déserts africains, Heidelberger crée des œuvres contemplatives qui offrent refuge dans notre époque de dématérialisation. Ses monuments comme Les Chevaux du vent témoignent d’une maîtrise technique au service d’une vision spirituelle, où l’innovation – passer du granit ancestral au carton ondulé – sert une même quête : révéler l’essence poétique de chaque matériau. Plus de quatre cents sculptures cataloguées révèlent une démarche d’une cohérence remarquable.

Marcoleptique – Des cartes pour se perdre

Marcoleptique – Des cartes pour se perdre

Et si les cartes géographiques étaient peuplées de visages que nous n’avons jamais su voir ? Explorons avec bonheur l’univers de Marcoleptique, artiste du détournement cartographique qui révèle, d’un trait d’aquarelle ou de crayon, les créatures cachées dans nos atlas.
Fils d’un barman parisien devenu graphiste, il transforme la Bretagne en cheval légendaire, le mur de Berlin en couple amoureux, ou l’Ukraine en visage inquiet scrutant l’horizon. Son art porte un message politique subtil : les frontières qui divisent peuvent aussi réunir. Marcoleptique pratique l’art de voir des histoires là où d’autres ne perçoivent que des lignes. Une invitation joyeuse à se perdre pour mieux se retrouver.

Laurent Dauptain – Le sujet n’est pas le sujet (catalogue raisonné)

Laurent Dauptain – Le sujet n’est pas le sujet (catalogue raisonné)

Le temps peut-il se cristalliser dans une toile ? Voici la question qui nous saisit face aux plus de 1000 autoportraits de Laurent Dauptain. Depuis plus de cinquante ans, ce peintre se scrute, se dissèque, se recompose. À six ans déjà, son institutrice voyait en lui « plus un peintre qu’un dessinateur » – formule prémonitoire ! Dauptain transforme son vieillissement en matière première, dépose de multiples couches de peinture comme autant de strates temporelles.
Ses formats monumentaux nous confrontent à notre propre présence au monde. Artiste paradoxal, amoureux de l’académisme mais subversif, transgresseur des codes contemporains, réconciliateur de la photographie et de la peinture. Même la cataracte devient révélation chromatique. Son œuvre agit tel un miroir inversé : c’est en se peignant obstinément qu’il nous révèle à nous-mêmes.

Anne Bothuon – Cous’humain

Anne Bothuon – Cous’humain

Anne Bothuon bouleverse les codes de la sculpture en modelant des êtres humains grandeur nature avec du fil et du tissu. Sa « broderie sauvage » transforme ces matériaux domestiques en chairs palpitantes, créant des présences troublantes qui nous confrontent à notre propre fragilité.
Formée au théâtre, elle conçoit ses installations comme des scènes immersives où dialoguent mythes anciens et urgences contemporaines. Ses corps accroupis, ses marcheurs en exil, ses masques animaux racontent notre humanité dans toute sa vulnérabilité. Entre performance et sculpture, entre couture et art monumental, Anne Bothuon nous rappelle que nous sommes tous des « cous’humains » – cousus main, portant les traces de nos vies comme autant de reprises et de broderies.

Jacques Rouby – Alchimiste de la matière

Jacques Rouby – Alchimiste de la matière

Dans son atelier du Lot, Rouby développait une alchimie fascinante : ses cartons sculptés, scarifiés à la gouge puis abandonnés aux intempéries, témoignent d’un processus où création et destruction se confondent. Autodidacte revendiqué, ancien caricaturiste à Beaubourg, il traçait d’une plume d’une finesse remarquable des êtres hybrides, mi-hommes mi-végétaux, évoquant à la fois Bosch et Michaux sans jamais leur ressembler.
Indifférent aux courants artistiques de son temps, il a pourtant suscité l’enthousiasme des connaisseurs, jusqu’à entrer dans la prestigieuse collection de l’abbaye de Beaulieu-en-Rouergue. Décédé en 2019, Rouby nous lègue une œuvre qui interroge profondément notre condition : exister est-il suffisant ?